Annelise Heurtier : Entre leurs mains
AUSSI IMPENSABLE QUE CELA PUISSE PARAÎTRE... ...
les couvents comme celui que vous allez découvrir dans ce roman ont réellement existé.
Des couvents au sein desquels des jeunes filles étaient enfermées, contraintes de travailler
dans des conditions extrêmes, en proie à la violence et aux humiliations, afin d’expier des prétendus péchés.
Les premières blanchisseries de la Madeleine, puisque c’est ainsi qu’on les appelait, sont apparues en Irlande au xviiie siècle (mais aussi en Suède, en Australie, au Canada). Des familles y envoyaient leurs filles, parfois dès l’âge de dix ans, pour éviter la honte et le déshonneur. Il s’agissait de jeunes filles violées, enceintes hors mariage ou qui se comportaient de façon jugée légère par rapport aux moeurs très rigides de l’époque, imposées par une Église catholique qui jouissait d’un pouvoir immense. Certaines y étaient même enfermées par précaution, simplement parce qu’elles étaient « trop jolies » et qu’elles avaient donc davantage de risques de « pécher » (la plupart du temps, on considérait que le responsable du viol était celui qui l’avait subi). Bad girls do the best sheets L’objectif poursuivi par ces institutions était de sauver les âmes de ces supposées pécheresses. Pour ce faire, les religieuses les employaient à nettoyer du linge, métaphore de leur propre souillure. Ces couvents prirent le nom de blanchisseries ou couvents de la Madeleine, en référence à Marie-Madeleine qui a lavé les pieds de Jésus en signe de repentance. Ces établissements ne tardèrent pas à se transformer en camps de travail forcé, avec sévices corporels et psychologiques, viols, humiliations, brimades quotidiennes, isolement et sous-alimentation. Les jeunes filles enceintes étaient contraintes à abandonner leur bébé. S’ils étaient en bonne santé, ces enfants pouvaient être vendus à des familles étrangères. Les autres étaient enterrés dans des fosses communes, tout comme les pensionnaires qui mouraient de fatigue, de maladies, ou qui se suicidaient. Celles qui réussirent à en sortir n’osèrent pas en parler. À l’époque, la parole de ces filles n’avait aucune valeur face à l’institution religieuse, et pour celles qui souhaitaient fonder un foyer, la honte et le mépris associés au statut d’ancienne « Maggie » (il s’agit du nom qu’on leur donnait, Maggie étant le diminutif de Madeleine) aurait dissuadé tout prétendant. Certaines ont même dû fuir en Angleterre pour échapper à la stigmatisation et au rejet. Pendant des dizaines d’années, ces institutions ont donc prospéré avec l’assentiment des familles, persuadées qu’il s’agissait de la seule façon d’agir, pour le bien de leurs filles et de leur réputation. Il apparaît cependant aujourd’hui que si les Irlandais connaissaient très bien la dureté de ces couvents, ils n’imaginaient pas ce qui s’y passait réellement.
Annelise Heurtier est née en 1979 dans la région lyonnaise. Elle écrit pour des publics variés, des premières lectures jusqu’aux romans pour adolescents. Souvent inspirés de faits réels, ses textes sont autant de prétextes au voyage et à la découverte des cultures, de parcours de vies singuliers. Elle est notamment l’autrice de Sweet sixteen (Casterman, 2013) qui a reçu de très nombreux prix.
Parution : 22/01/2025
Prix : 15,90 €
Pages : 288
Format : 145x220
Façonnage : Broché
Âge : Dès 14 ans